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Crypto-monnaies : où trouver la monnaie légale ?

En 2024, le Salvador reste le seul État à avoir accordé au bitcoin le statut de monnaie légale. Dans la majorité des pays, la cryptomonnaie conserve un statut hybride : actif numérique toléré, monnaie d’échange restreinte, ou bien interdite dans certains territoires. La réglementation évolue rapidement, sous la pression des marchés et des autorités financières.La qualification juridique du bitcoin varie d’un continent à l’autre, oscillant entre reconnaissance partielle et interdiction pure et simple. Les obligations fiscales, les restrictions d’utilisation et les risques encourus diffèrent fortement selon la juridiction.

Comprendre la notion de monnaie légale face aux crypto-monnaies

La monnaie légale ne se fabrique pas en quelques lignes de code. D’après le code monétaire et financier, seules les devises créées par une banque centrale, l’euro piloté par la BCE, le dollar géré par la Fed, profitent d’un cours légal. Autrement dit, un commerçant, un fournisseur, un créancier ne peut refuser un paiement effectué dans cette monnaie, sauf dans certains cas très encadrés. Le refus d’espèces, par exemple, peut coûter cher à celui qui s’y risque.

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Les crypto-monnaies, du bitcoin à l’ethereum, restent, quant à elles, à l’écart de ce statut en France et dans la zone euro. Officiellement, il s’agit d’actifs numériques classés dans la catégorie des crypto-actifs, dont la valeur fluctue au gré de la confiance des investisseurs et des mouvements des marchés financiers. Aucune garantie d’un État, aucune promesse d’un Trésor public pour soutenir leur prix.

La Banque de France et l’AMF le rappellent : le bitcoin n’a rien d’une monnaie fiduciaire et ne représente aucune créance sur une institution centrale. La loi PACTE a imposé un cadre aux prestataires de services sur actifs numériques (PSAN), mais sans bouleverser le statut des crypto-actifs : ces derniers restent des outils de spéculation, pas des monnaies à pouvoir libératoire universel.

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Pourtant, la confusion persiste. Beaucoup confondent monnaie virtuelle et monnaie légale, séduits par la volatilité des marchés et les slogans percutants des plateformes spécialisées. Le paysage change progressivement : le règlement européen MiCA commence à harmoniser le secteur, mais aucune crypto-monnaie n’est, à ce jour, adossée à une banque centrale en Europe.

Où le bitcoin et les principales cryptomonnaies sont-elles reconnues ou interdites dans le monde ?

D’un pays à l’autre, l’accueil réservé aux cryptomonnaies oscille entre ouverture réglementée, hostilité affirmée et expérimentation audacieuse. Cette diversité façonne un paysage mondial en perpétuelle recomposition.

En Amérique du Nord, l’encadrement prime. Au Canada, les plateformes d’échange de cryptomonnaies sont soumises à des règles strictes de conformité et de lutte contre le blanchiment. Aux États-Unis, la réglementation varie selon les États : certains encouragent l’innovation, d’autres fixent des limites. Mais nul endroit sur le continent n’accorde au bitcoin le statut de monnaie de cours légal.

En Europe, la distinction est nette : aucune crypto-monnaie ne bénéficie du statut de monnaie officielle auprès de la BCE ou des banques centrales nationales. Le règlement MiCA vise à clarifier et harmoniser la supervision, mais n’élève pas les crypto-actifs au rang de devise. Les plateformes sont surveillées, les acteurs doivent s’enregistrer, la vigilance demeure la règle.

D’autres États ferment la porte. La Chine interdit toute activité autour du bitcoin ou des crypto-actifs. L’Inde oscille, imposant tour à tour restrictions et tolérances sous haute surveillance. À l’opposé, le Salvador se distingue : ici, le bitcoin est reconnu comme monnaie légale, expérience isolée qui intrigue autant qu’elle divise.

Pour mieux saisir les grandes lignes de cette mosaïque, voici une synthèse des positions dans le monde :

  • Reconnaissance réglementée : Canada, États-Unis, Union européenne
  • Interdiction totale : Chine, Algérie, Maroc
  • Statut légal unique : Salvador

Le statut des monnaies virtuelles reste donc éclaté, reflet de la prudence ou de l’audace des régulateurs face au défi posé par les actifs numériques.

Panorama des régulations nationales : exemples marquants et zones grises

En France, l’option choisie est celle de l’encadrement. Depuis la loi PACTE, toute personne proposant des services sur actifs numériques (PSAN) doit s’enregistrer auprès de l’Autorité des marchés financiers (AMF). Cela concerne les plateformes d’échange, les dépositaires, ou tout prestataire manipulant des crypto-actifs. L’État veut ainsi surveiller le secteur, lutter contre le blanchiment de capitaux et le financement illicite, sans pour autant accorder à la crypto-monnaie le statut de monnaie légale.

La Commission européenne affine ses outils. Le règlement MiCA (Markets in Crypto-Assets) s’appliquera bientôt à tous les acteurs européens. Les plateformes devront respecter de nouvelles exigences de transparence, renforcer leur sécurité, prouver leur sérieux en matière de gouvernance. Cette transformation vise à protéger les investisseurs tout en offrant un cadre clair à une industrie en pleine expansion. Résultat : les marchés financiers européens restent ouverts, mais sous surveillance rapprochée.

Mais tout n’est pas encore balisé. Certaines juridictions laissent prospérer des plateformes d’échange de cryptomonnaies sans contrôle effectif, ce qui crée des zones grises propices aux dérives. Les initial coin offerings (ICO) en sont un exemple : en France, elles sont soumises à un régime particulier, mais ailleurs, elles évoluent parfois sans filets ni garde-fous.

Pays Statut des crypto-actifs Autorité de régulation
France Réglementés (loi PACTE, PSAN) AMF
Europe Harmonisation en cours (MiCA) Commission européenne
Zones grises Peu ou pas encadrés Variable

Le chemin de la régulation avance, mais la diversité persiste. Les acteurs doivent s’adapter à ce patchwork de règles, sous le regard attentif des banques centrales et des autorités de marchés financiers.

monnaie légale

Quelles conséquences juridiques et fiscales pour les utilisateurs de crypto-monnaies ?

En France, qui détient ou utilise des crypto-monnaies doit rester vigilant face à des règles fiscales et juridiques précises. Le cadre juridique impose de déclarer tout actif numérique détenu sur des plateformes étrangères, sous peine de sanctions. Acheter, vendre ou échanger des crypto-actifs entraîne des obligations. Dès qu’une cession génère un profit, la taxation s’enclenche.

Le fisc fait la distinction entre activité occasionnelle et activité professionnelle. Pour un particulier, la plus-value sur crypto-monnaies est soumise au prélèvement forfaitaire unique (PFU) de 30 %, à condition de ne pas relever d’une activité professionnelle. Si l’opération devient régulière, l’imposition bascule sous le régime des BIC ou BNC.

Voici les principales règles à connaître :

  • Déclaration obligatoire des comptes d’actifs numériques à l’étranger
  • Taxation des cessions avec le PFU à 30 % pour les particuliers
  • Imposition BIC/BNC pour l’activité professionnelle

Payer avec des crypto-monnaies dans la vie quotidienne reste marginal, mais chaque transaction laisse une trace. Dès qu’un bien ou un service est échangé, la TVA peut s’appliquer. Les plateformes enregistrées doivent identifier précisément chaque opération, pour prévenir le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme.

À l’étranger, le paysage diffère : au Portugal, les plus-values des particuliers sont exonérées ; en Suisse, l’approche se veut pragmatique ; en Allemagne, la fiscalité s’applique après un an de détention. Les utilisateurs doivent donc anticiper la fiscalité et les règles applicables en fonction de chaque pays, sous peine de mauvaises surprises.

À l’heure où chaque territoire invente sa propre définition de la valeur, la cryptomonnaie impose une nouvelle géographie du risque et de la liberté. Peut-être est-ce là, finalement, le vrai visage de la révolution monétaire.